Sylvia : Grandir sans père, survivre à la haine d’une mère

Bonjour, Je voudrai faire un témoignage, j’ai 54 ans, j’ai eu une vie très dure avant à cause de ma mère, j’ai à peine connu mon père. Maintenant j’ai envie de raconter, de témoigner et de signaler. J’en ai marre que tout cela passe inaperçu.

J’avais 13 ans. Peu après le divorce, mon frère et moi on a eu le droit d’aller avec notre père, juste un dimanche après-midi, à Brest. Il venait de rencontrer une autre femme, Danièle, elle avait 3 enfants d’un premier mariage, elle venait de divorcer. On a d’abord fait un tour dans l’appartement de notre père, qu’il louait depuis la séparation. Ensuite nous sommes allés dans la maison de Danièle, on a rencontré ses enfants, on a joué un peu avec eux, mais timidement.
A la fin de l’après-midi, notre père nous a ramené chez notre mère, juste déposés en voiture devant chez elle. Elle était complètement énervée, elle m’a harcelé de questions, elle voulait surtout avoir des détails sur le physique de Danièle. Je ne savais pas quoi dire, j’ai répondu bêtement à tout, pour avoir la paix, pour qu’elle me laisse tranquille. Sa question surtout était de savoir si Danièle était belle. Il fallait que je réponde. Franchement je ne savais pas quoi dire, j’ai dit que je ne savais pas, ou bien j’ai dit « normale », bref elle hurlait, je ne savais pas comment me dépêtrer de cette situation. Bon au final, elle m’a dit « fout le camp petite salope » et elle m’a forcé à sortir de la maison, elle a refermé la porte en claquant. Je suis partie chez ma grand-mère en pleurant. Il y avait du monde, une de mes tantes, mais elles ne m’ont pas écouté, elles étaient occupées à autre chose, les pleurs d’une gamine ce n’était pas leur priorité, elles devaient penser que ce n’était pas grave.
Je suis restée seule un moment dans le jardin de ma grand-mère et ensuite je suis retournée chez ma mère, je voulais juste allée dans ma chambre. Je l’ai croisée, et elle faisait la gueule, c’était de ma faute. Juste après, elle s’est absentée, et je crois que j’en ai eu marre, j’ai pris plein de cachets à elle, et aussi parce qu’on avait déjà eu une enfance pas facile avant. Trou noir après. J’ai dormi beaucoup.
Je me suis réveillée le lendemain dans la soirée, j’était allongée sur le lit de ma mère, tout habillée. J’étais encore vaseuse. Elle était là à côté de moi, il y avait un stéthoscope posé sur la table de nuit (elle était infirmière et elle récupérait souvent des trucs de l’hôpital). Elle faisait la gueule encore, c’était de ma faute, elle m’a fait comprendre que je faisais connerie sur connerie.
Mais fallait pas parler de ça en tout cas. J’ai jamais rien dit. Après ça mon père a été complètement évincé de la famille. Mensonges, calomnies, tout l’attirail, on nous envoyait chez un avocat pour nous faire raconter des conneries, et sur des personnes de la famille de notre père également. On savait que c’était pas vrai mais on disait rien, on obéissait, on était des enfants, on avait pas le choix, et on nous faisait bien comprendre que l’on ne pouvait compter que sur notre mère. Chez nous quand il était question de lui, ma mère ne disait pas «votre père », non il était appelé par son prénom et nom de famille, ou bien elle l’appelait pas ses initiales : AG. C’était dans les années 80. Mon frère et moi on a jamais rien dit de ce que faisait notre mère.

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